20 Août 2006
Charles Henri Ordeig, le Commandant Carlos, lors de son intervention
Chers amis, ici présent à l'inauguration de cette plaque qui rappelle la lutte des combattants Républicains Espagnols et des camarades de toutes nationalités qui combattirent l'ennemi commun, mais qui, malheureusement, les années passant manquent au rendez-vous.
Je me fais le porte-parole de tous pour vous remercier de votre présence et vous exprimer toute notre gratitude. Après la lutte du peuple espagnol contre les militaires et les forces fascistes qui se soulevèrent contre le gouvernement légal de la Répub'ique Espagnole, nous fûmes soumis aux contraintes de la tristement célèbre non-intervention à sens unique.
Les combattants Républicains durent se réfugier en territoire Français où ils furent l'objet de toutes sortes de vexations ; internés dans des camps, surveillés par des gardes mobiles et des tirailleurs sénégalais. Pendant
la guerre de 39, ils furent incorporés de force dans des compagnies de travailleurs au service de l'armée ou sur des chantiers de travaux pénibles.
Après la débâcle et l'armistice, notre situation devint plus grave et nous avons vite compris que la poursuite de la lutte commencée en Espagne était pour nous un devoir, et que nous devions combattre l'occupant et Vichy à son service.
Dès lors notre participation à la lutte du peuple Français était pleinement
justifiée ; pour nous cette lutte constituait un point d'honneur. La plus grande partie des Espagnols se trouvant dans des groupes de travailleurs dans les différents départements furent tes noyaux de ceux qui prirent place aux côtés de la Résistance naissante. Dans tous les hauts lieux de la Résistance
ils ont été présents aux côtés des combattants Français. D'abord en petits groupes, par la suite avec d'autres étrangers de différents pays, ils prirent le sigle déjà ancien de la M.O.I. C'est ainsi que naquit ici le premier
groupe F.T.P- M.O.I. de Dordogne.
Il put exister grâce à l'aide de la population de
Tumac pour qui nous n'étions ni des " bandits ", ni des " terroristes ", et qui a vite compris que nous combattions pour la libération du peuple
Français aux côtés des forces alliées.
Charles Henri ORDEIC. alias CARLOS ".
A l'instar de ce qui se passa pour les juifs, de véritables rafles furent organisées avec au bout la déportation vers les bagnes nazis de 15 000 des vôtres.
Votre expérience du fascisme, envers lequel vous n'aviez aucune illusion, vous fit vite comprendre la nécessité de reprendre la lutte au sein de la Résistance. Car comme le disait si bien notre regretté camarade PERNALES : " on ne discute pas avec le fascisme, on le combat ".
Dès novembre 1942 est crée " l'Unidad
National Espagnole " avec sa branche armée constituée par les " Agroupaciones de Guérilleros". Ailleurs se constituaient des unités de la M.O.I. dont vous étiez-dans notre région
l'ossature que rejoignirent d'autres combattants de diverses nationalités. Des polonais, des roumains, des hongrois, ayant fui leur pays où régnait le fascisme ; des tchèques dont la patrie avait été livrée à Hitler par les honteux accords de Munich deux ans auparavant; des italiens qui avaient du s'expatrier devant la répression mussolinienne, et aussi des allemands et des autrichiens qui n'avaient eu d'autre solution que l'exil pour échapper aux camps de la mort nazis dont on sait que ce fut les démocrates allemands qui en essuyèrent les plâtres.